
Megaupload, l'un des plus gros sites de téléchargement, ainsi que l'ensemble de son réseau "Mega", a été fermé jeudi 19 janvier par la justice américaine. Ses dirigeants sont poursuivis pour la violation de lois anti-piratage, selon un communiqué du FBI, rapporté par le "Times".
Outre le site-mère, une vingtaine de noms de domaine affiliés à Megaupload.com dont Megavideo, ont été fermés par la justice américaine, qui a également saisi 50 millions de dollars d'avoirs et lancé des poursuites contre sept responsables du site, parmi lesquels figurent les quatre personnes arrêtées en Nouvelle-Zélande.
L'acte d'accusation a été dévoilé au lendemain d'une vaste campagne sur internet, où certains sites comme Wikipédia ou Craigslist ont fermé, en protestation contre deux projets de lois anti-piratages, connues sous les noms de SOPA et PIPA.
Des infractions passibles de 20 ans de prison
Le département de justice indique que Kim Dotcom, le PDG et propriétaire de Megaupload (anciennement Kim Schmitz), ainsi que six autres personnes liées au réseau ont été arrêtés jeudi en Nouvelle-Zélande, à la demande d'officiels américains.
Elles sont "responsables d'un piratage considérable sur internet de nombreux types de contenus protégés par les droits d'auteur à travers Megaupload.com et d'autres sites", affirment les autorités américaines.
Elles sont ainsi accusées d'avoir tiré de leurs forfaits quelque 175 millions de dollars de profit et entraîné "plus d'un demi-milliard de dollars de perte pour les ayant-droits", en offrant sur leur site des produits piratés, poursuivent les autorités américaines.
Megaupload Ltd, et une autre entreprise liée à l'affaire, Vestor Ltd, ont en outre été inculpées par une chambre d'accusation de Virginie (est) de violations de droits d'auteur mais aussi d'association de malfaiteurs en vue de commettre racket et blanchiment d'argent, des infractions passibles de 20 ans de prison.
Anonymous contre-attaque
La fermeture du site a été suivie de représailles du collectif de pirates Anonymous, qui a annoncé sur Twitter avoir mis hors service les sites du FBI, du ministère de la Justice américain, de la maison de disque Universal Music et de l'association professionnelle du disque RIAA.
Ces quatre sites étaient inaccessibles jeudi soir puis de nouveau en ligne vendredi tôt dans la matinée.
Soutien des artistes
Le site Megaupload était particulier, non seulement en raison de sa taille gigantesque et de la richesse de ses contenus, mais aussi parce que de nombreuses célébrités, musiciens et producteurs, souvent victimes du piratage, le soutenaient. Avant que le site ferme, Kim Kardashian, Alicia Keys, Kanye West et beaucoup d'autres en avaient d'ailleurs fait l'éloge.
Swizz Beatz, un rappeur marié à Alicia Keys et l'un des dirigeant de la compagnie basée à Hong-Kong, avait même qualifiées d'"exagérations grotesques" les accusations de violations de copyright qui touchaient le site. Il avait, dans une déclaration, invité les autorités au dialogue, affirmant que le site de partage avait "plein d'idées".
Un avocat qui représentait la compagnie l'année dernière dans un affaire de justice s'est refusé à tout commentaire jeudi, selon le "Times".
Nicolas Sarkozy salue l'initiative
Le président français a de son côté abondé dans le sens de la démarche du FBI, estimant dans un communiqué que "la mise à disposition illégale, par ce service, d'oeuvres protégées par le droit d'auteur, permettait à ses promoteurs de réaliser des profits criminels sous la forme de recettes publicitaires ou d'abonnements de ses usagers".
Ajoutant : "C'est le financement des industries culturelles dans leur ensemble qui est mis en cause par ce type d'opérateurs","le moment est donc venu d'une collaboration judiciaire et policière active entre Etats pour porter un coup d'arrêt à leur développement".
Par ailleurs, Nicolas Sarkozy "invite les ministres concernés ainsi que la Hadopi (Haute autorité chargée de la lutte contre le téléchargement illégal, ndlr), qui vient d'engager une consultation à ce sujet, à étudier rapidement l'utilité de compléter notre législation par de nouvelles dispositions".
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